J’ai interviewé Yana de Artfil en 2015!

Cette entrevue a été publiée en anglais dans le numéro d’octobre 2015 de Happily Hooked Magazine.

Yana of Artfil

J’ai récemment interviewé Yana, fondatrice de Artfil, après avoir joué avec ses laines Mericana & Grace, de très, très jolies fibres peintes à la main. Y toucher c’est les aimer.

Et j’ai découvert que Yana est totalement amoureuse de tout ce qui touche à la fibre & de la vie en général, comme vous pourrez lire ci-dessous.

Q: Comment est-ce qu’Artfil a commencé?

A: Artfil était inévitable. Toute ma vie j’ai rêvé d’un emploi à travers lequel lâcher lousse ma créativité. Artfil était la réponse à la question ‘qu’est-ce qui me rend heureuse?’ et j’ai suivi.

 

Q: Comment ta relation à la laine s’est-elle transformée en entreprise?

A: Facile: je devais avoir une vie personnelle et une vie professionnelle qui soient en harmonie. De pouvoir gagner ma vie en même temps est un des avantages sociaux!

Vraiment, je n’aime pas utiliser le mot entreprise quand on parle de choses faites à la main. Ça me semble si… commercial et frois. Tu sais à quoi ressemble un studio d’artiste. C’est en désordre, les vêtements et les mains sont sales, les poches sont vides… mais il y a aussi plein de sourires, l’environnement est amical et le tout est rempli de bonheur. Je t’ai parlé du désordre?

 

Q: Travailles-tu seule ou as-tu une équipe?

A: La collaboration est au centre d’Artfil. J’en suis l’âme, d’accord, mais mon mari est le chef. Il est aussi le génie derrière notre processus plus vert. Et rien ne serait possible sans les gens qui m’aident, les talentueuses tricoteuses derrière le groupe “Knitters among us” et Elise – qui  me sauve de la paperasse.

 

Q: Ta laine est peinte à la main; qu’elle est la différence entre ce processus et la teinture? 

A: La différence c’est la technique. Normalement, la laine prend un bain de teinture. Cette eau sale est ensuite jetée. Quand on peint à la main, on utilise la laine comme une toile. Chaque écheveau ne demande alors que 300ml d’eau. Il n’y a pratiquement pas d’eau sale à jeter. De plus, nous utilisons une technique qui permet de peindre sans même devoir mouiller la base avant de commencer.

 

Q: Comment as-tu appris cette technique?

A: Je peins à l’huile depuis toujours et j’utilise la même logique et les même connaisances quand je peins la laine. Le processus pour fixer la couleur est une invention de mon mari. Le reste a été appris sur le tas.

 

Q: Qu’est-ce qui inspire tes couleurs?  

A: Tout est une muse. Un flash de couleur dans ma tête.

Q: Qu’elles sont les bases que tu utilises?

A: En ce moment on utilise surtout du mérino nord-américain. En général, il n’y a pas de limite pour notre procédé dans les fibres animales, mais nous ne pouvons pas peindre les fibres faites à partir de plantes et continuer à dire qu’on est vert. Malgré la croyance populaire comme quoi le cotton est écologique, il ne l’est pas. Les plantes demandent de grandes quantités d’eau à produire, mais doivent aussi être teintes dans des bains chimiques.

 

Q: Comment choisis-tu les bases, alors?

A: Mon premier critère est qu’elles soient bonnes pour l’environnement, puis elles doivent être bonnes pour la société. On achète de producteurs locaux le plus possible pour encourager l’économie locale.

 

Q: Est-ce que tu fais du crochet, du tricot ou autre chose avec la laine? 

A: Je fais de tout! Le crochet tunisien a longtemps été mon préféré, puis le crochet ‘freeform’, et maintenant c’est plus le tricot. On verra demain, peut-être que je tisserai!

Je suis devenue accro au crochet alors que j’étais toute jeune. Je viens d’un pays où ces traditions sont importantes. En Bulgarie toutes les femmes savent faire ces choses.

 

Q: As-tu d’autres passe-temps?

A: La cuisine et la pâtisserie sont deux autres de mes passions. Et bien entendu, la peinture à l’huile.

 

Q:  Parle-nous de ta famille, de tes animaux, d’où tu viens et d’où tu vis. 

A: Nous sommes une petite famille de 3 personnes. J’aurais aimé avoir au moins 3 chats, mais je suis allergique. Stan (mon mari), Nikola (notre fils) et moi sommes arrivés à Montréal il y a 8 ans sans réelle intention de rester, puisque nous avions une belle vie en Bulgarie. Au départ, je n’aimais pas beaucoup la ville, mais aujourd’hui je n’imaginerais pas vivre ailleurs. Artfil n’aurait jamais vu le jour, parce que de teindre la laine alors que j’étais avocate aurait été un suicide social. L’idée ne me serait jamais venue. Faut briser la corde pour se libérer.

 

Q: Qu’elles sont tes couleurs préférées et est-ce que ce sont aussi tes plus populaires? 

A: J’aime les pastels calmes et naturels de Grace, notre mélange de cashemire et mérino. J’ai mis tout mon coeur dans les tons denim, ardoise, blé et champignon et ce sont nos meilleurs vendeurs. Quand on créer avec l’amour pur, ça paraît.

 

Q: Est-ce qu’il y a quelque chose que tu voudrais absolument transmettre aux gens qui liront ceci? 

A: Le bonheur est un choix! C’est la chose la plus importante que j’ai apprise. Y’a plein de choses négatives qui peuvent arriver, mais c’est à nous de décider comment y réagir. Abandonner ce n’est pas être faible, des fois c’est justement le signe d’une personne assez forte pour lâcher prise et avancer.

 

Q: Où espères-tu voir aller Artfil?

A: La seule véritable destination pour Artfil c’est le coeur des tricoteuses & crocheteuses!

 

 

Artfil favorites

 

 

Suivez Yana sur son site : http://artfil.ca/

Julie xx